L’échalote traditionnelle bio, un modèle durable



Grand brun, la trentaine, Florian Le Saint nous reçoit de bon matin sur son exploitation de Plouzévédé, à quelques kilomètres du siège de Pouliquen. Ici il cultive près d’une dizaine de variétés de légumes, en bio, sur une petite centaine d’hectares, prairies et points d’eau inclus. Nous sommes mi-juillet, la récolte des échalotes traditionnelle bio est terminée, la plantation des choux et des brocolis bat son plein.

C’est en 2016 que Florian, fils d’agriculteurs, s’installe en reprenant l’exploitation d’un producteur voisin qui partait en retraite. Aujourd’hui Florian compte quatre salariés à temps plein, dont sa mère, ainsi que des équipes de saisonniers qui viennent en renfort pour les plantations et les récoltes.

L’échalote traditionnelle bio : 100% Molène

Florian ne cultive que de la Molène, une variété développée par l’OBS, l’Organisme Breton de Sélection. Cette variété a été créée pour permettre le développement de la culture de l’échalote en bio et donc, sans produit phytosanitaire. Elle est notamment résistante au Mildiou, série de maladies cryptogamiques qui peuvent causer de sérieux dégâts sur les plantes. Cette variété permet la récolte de 15 tonnes d’échalotes par hectare, un rendement intéressant en bio. 
La culture de l’échalote traditionnelle bio demande beaucoup de travail et de matériel, notamment pour le désherbage qui se fait manuellement.

« Il faut compter 250 heures de travail par hectare, soit 3000 heures pour l’ensemble de l’exploitation. Cette année, rien que le sarclage des 12 hectares et demi plantés nous aura pris 625 heures. »

Florian Le Saint, producteur d’échalote bio.

La culture de l’échalote traditionnelle en bio : un itinéraire technique dessiné subtilement 


En bio, la plantation des échalotes se fait durant la première quinzaine de février. Le trou percé dans la bâche est adapté au calibre du bulbe, afin d’éviter la pousse de mauvaises herbes autour de l’échalote. Cette attention particulière portée au moment de la plantation permet par la suite de limiter le temps de sarclage.  
En plus du désherbage manuel, il faut effectuer trois à quatre passages de binage entre les rangs d’alliums. Ce binage se fait planche par planche, autrement dit, rang par rang. 
L’arrachage lui se fait fin juin ou début juillet, selon les années et les conditions météorologiques. Les échalotes restent ensuite sécher au champ une dizaine de jours.

« C’est le temps qu’il faut pour que la sève redescende dans le bulbe. Le séchage se fait mieux au champ qu’en frigo. »

Deux à trois semaines après la récolte, les échalotes suivront une thermothérapie. Elles seront conservées pendant sept jours entre 30 et 35°C. À partir du 1er octobre, les frigos seront descendus à zéro degrés. Il s’agit là d’une spécificité de l’échalote traditionnelle bio.

La fibre écolo de père en fils


Le père de Florian s’est converti en bio en 1996. Il fait partie des premiers producteurs à avoir créé la section bio à la SICA, une section régionale montée alors avec des producteurs adhérents d’autres départements. Au fil des années, Florian a vu qu’il était possible de produire des légumes de qualité et d’atteindre de bons rendements en bio. Au moment de de son installation, la question ne s’est pas posée. Son exploitation serait bio ou ne serait pas.

« La planète brûle et chaque jour, quand je vais au boulot, j’ai l’impression de faire quelque chose pour la planète. Je pense que ce mode de production est plus durable. »

Comme toute exploitation bio, Florian n’utilise aucun engrais minéral, ni aucun produit phytosanitaire. Diplômé d’un BTS agricole ACSE (Analyse, Conduite et Stratégie de l’Entreprise agricole), il porte un fort intérêt à l’agronomie et au travail des sols.


« On nourrit notre sol qui nourrit la plante. Il y a une forte rotation sur nos parcelles. On y cultive une dizaine de variétés de légumes, sans compter les couverts végétaux. Dans ma carrière je ne verrai que 4 à 5 fois de l’échalote dans une même parcelle. »

Les 100 hectares de l’exploitation, compte également des prairies permanentes, ainsi que des mares, gage du respect de la biodiversité.
L’engagement de Florian Le Saint ne s’arrête pas à son exploitation. En effet, il est aussi Référent échalote au sein de la SICA, coopérative Prince de Bretagne. A 31 ans, il compte bien valoriser l’agriculture biologique de nombreuses années encore.

Florian Le Saint sur l'une de ces parcelles d'échalotes traditionnelles bio, juin 2022